Amis socialistes qui allez voter à droite dimanche, je vous le dis : vous n’en avez pas fini.
Une amie parisienne me charrie : « Je
crois que je vais voter Pécresse pour faire barrage à Bartolone... »
On a bien ri.
On venait d’entendre ledit Barto en meeting flinguer à tout va la
Pécresse, l’affreuse raciste pire que Jean-Marie, avec la grâce que les media
n’ont pas manqué de relever... Il l’a notamment accusée de faire la "danse du ventre aux électeurs
du FN à grand coup de race blanche"...
Sortir de ce débat abscons, régler cette question
abstruse, nous amènerait à dimanche soir, et du coup le problème aura été
tranché : on n’aura pas voté.
Ainsi, on n’aura (évidemment) pas voté FN, parce
que si l'establishment, le système nous sort par les yeux on sait d’où on vient. De même on
n’aura pas voté à droite, déjà qu’en 2002 on l’avait pas fait, c’est pas pour
commencer maintenant. Et enfin on n’aura pas eu à voter PS, et par là cautionné l'équipe de nuls qui nous gouvernent avec les résultats pourris que
l’on sait. D’autres le feront : deux fois cocus. A ce niveau
de la compète, c’est du masochisme. Amis de gauche, ce tube de vaseline est pour
vous.
Le
front républicain qui vise le FN le renforce, même
si aucune région ne tombe dimanche dans son escarcelle. Trop facile, pour la Marine
et sa bande, de dénoncer ensuite un establishment véreux et menteur,
accroché à ses prébendes : "Ils sont tous pourris et incapables, c’est
l’UMPS, voilà des décennies qu’ils ne font rien pour vous."
Afficher ce consensus entre la droite et la gauche
sent la capitulation, la fin du cycle. Quand on en arrive là, les discours sur
les "valeurs", les appels à l’histoire, à la nation, la Marseillaise et tout le toutim ne parlent plus.
La bataille des idées est perdue. L’abstention frappe la gauche qui se divise
et n’a que ses yeux pour pleurer. Impossible de faire reculer le FN, tout lui
profite. Et il sait, lui, trouver un bouc-émissaire simple : c’est la faute aux
immigrés, pas à la finance...
Hollande et Valls sont en train
cyniquement de réussir leur coup, sans avoir besoin de beaucoup se mouiller :
faire de la question du front républicain contre le FN le fait clivant de la
vie politique. La première partie est
gagnée : le FN est incontournable, et la « gauche de la
gauche », cette auberge espagnole aux intérêts électoraux fluctuants, n’existe
pas.
Le second étage est en marche : casser la
droite. On l’a vu, des voix déjà s’élèvent à droite contre le
« ni-ni » imposé par Sarkozy, et les comptes vont se régler à
l’ex-UMP. Entre un PS qui n’a plus rien
de socialiste et cette droite qui ne renvoie pas PS et FN dos à dos, les convergences
s’imposeront. La constitution d’un marais centriste, libéral, européiste et
pro-américain, qui durera bien le temps
que la droite mettra à faire son programme commun avec le FN. Pour Hollande puis
Valls, c’est un sursis assuré. Après eux, le déluge...